BURKINA FASO : COUP D’ÉTAT DÉJOUÉ

Le Burkina Faso a, une fois de plus, frôlé le précipice. Une tentative de déstabilisation de grande envergure, impliquant des officiers en fuite, des réseaux terroristes et des complicités internes, a été déjouée par les services de sécurité du pays. L’annonce a été faite avec gravité par le ministre burkinabè de la Sécurité, où des tensions apparaissent au sein des forces armées et où l’atmosphère politique est de plus en plus électrique.
Selon les révélations du ministre burkinabè de la Sécurité, les services de renseignement ont intercepté une série de communications compromettantes entre un officier des Forces armées nationales et des chefs terroristes. Ces échanges ont mis au jour un plan méticuleusement orchestré : un assaut devait être lancé contre le palais présidentiel le 16 avril 2025. L’objectif était de plonger le pays dans le chaos afin, selon le ministre, de « placer le Burkina Faso sous la tutelle d’une organisation internationale ».
Le complot, qui aurait impliqué d’anciens officiers déserteurs et des soldats en lien avec des groupes armés, reposait sur une stratégie d’embrasement général. Des responsables religieux et coutumiers auraient été sollicités pour convaincre des officiers encore en poste de se rallier à l’opération. Les cerveaux de la tentative, aujourd’hui en fuite, sont localisés en Côte d’Ivoire, à Abidjan, qualifiée par les autorités burkinabè comme leur "centre d’opérations".
L’un des noms au cœur de cette affaire est celui de l’officier Abdramane Barry, en poste au bataillon de la Justice militaire, désormais accusé d’avoir transmis des informations sensibles aux groupes terroristes. Ces données portaient notamment sur les positions des forces de sécurité intérieure, des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) et sur les détails d’opérations militaires. Un moyen, selon les enquêteurs, d’accentuer les attaques contre les forces loyalistes et de saper la confiance de la population envers l’autorité de la transition.
Cette affaire a déclenché une vague d’arrestations au sein de l’armée. Des officiers de premier plan, comme le magistrat-commandant Frédéric Ouédraogo, ex-chef du bataillon de la Justice militaire, ont été interpellés. Il avait été chargé d’enquêter sur la mort controversée du commandant Ismaël Touhogobou en 2023, lui-même impliqué dans une affaire de tentative de putsch. Autre figure arrêtée : le capitaine Elysée Tassembedo, célébré pour sa libération de Sebba, appréhendé à Ouagadougou alors qu’il participait à une réunion officielle.
Le silence des autorités de la transition, dirigées par le capitaine Ibrahim Traoré, alimente toutes les spéculations. Les changements précipités à des postes clés au sein de l’état-major sont perçus par certains comme des purges internes, par d’autres comme une riposte à une menace bien réelle.
Dans un contexte sous haute tension, cette tentative avortée vient rappeler la fragilité persistante des institutions burkinabè, secouées depuis des années par une double crise sécuritaire et politique. Le Burkina Faso, déjà en lutte contre l’expansion djihadiste sur son territoire, se voit aujourd’hui confronté à une autre forme de menace : celle, plus insidieuse, des complots ourdis de l’intérieur, mêlant ambitions personnelles, vengeance et influences étrangères.
Alors que les services de sécurité poursuivent les recherches pour mettre la main sur les fugitifs, la question demeure: combien de temps encore la fragile architecture du pouvoir de transition tiendra-t-elle face aux assauts répétés ?