LIBREVILLE : AU QUARTIER VIETNAM, L'EAU EST UNE DENRÉE RARE

Dans de nombreux quartiers du Grand Libreville, l'accès à l'eau potable demeure un défi énorme, mais au Vietnam, un quartier situé dans le 5ème arrondissement de la capitale gabonaise, la situation atteint des niveaux alarmants. Depuis plusieurs années, les habitants se battent pour obtenir ce bien essentiel qu'est l'eau. Une lutte qui ne fait que rendre plus difficile leur quotidien.
Le quartier Vietnam, bien qu’en plein cœur de Libreville, est frappé par l'absence criante de ressources en eau. Si l’on énumère les manquements considérables qui affectent la vie des populations, l'eau se distingue comme la principale difficulté. Depuis des années, les habitants du quartier Vietnam se contentent d'eau de source ou de pluie, avec tout le risque sanitaire que cela comporte.
Les témoignages des habitants du quartier sont déchirants.
"C'est compliqué pour nous, très, très compliqué. Nous n’avons pas d’eau au Vietnam. Nous nous débrouillons vraiment avec la nature. C’est seulement que Dieu a été bon envers nous, nous avons une petite source qui aide toute la population du Vietnam, mais cela ne suffit pas. Cela nous aide un peu à survivre, mais nous souffrons"
raconte une habitante du quartier.
Les efforts de certains notables et de certaines bonnes volontés ont permis l'installation d’un forage, mais l’eau qui en sort est loin de répondre aux besoins de la population.
"On a eu la chance qu'un homme politique ait eu pitié de nous et vienne faire un forage. Mais après, il est parti. Le forage fonctionne, mais depuis 2-3 semaines, l'eau ne vient plus. Quand elle arrive, ce sont de petites gouttes qui ne suffisent pas à nourrir toute la population. À ce rythme-là, c'est inacceptable. L'eau vient tantôt, tantôt elle ne vient pas. Nous avons du mal à faire nos besoins quotidiens, et nous savons que l’eau c’est la vie"
poursuit-elle, un regard de détresse dans les yeux.
Les tentatives pour accéder à l’eau potable sont restées vaines depuis trop d'années. Une autre habitante se souvient de l'énorme somme d’argent investie dans l’espoir de voir l’eau arriver.
"L'eau que j'ai payée il y a plus de 20 ans consituait un véritable calvaire. Il fallait 10 rouleaux de 100 mètres de tuyau pour amener l’eau jusqu'ici, mais ces tuyaux se percent, se perdent dans la forêt. Et pire encore, on vole les compteurs. Le mien a été volé. Pourtant, malgré tout cela, j’ai dû payer des millions à la SEEG, car, même si le compteur est volé, ils viennent couper l'électricité et nous obligent à payer"
raconte-t-elle, visiblement frustrée par l'inefficacité du système.
Cette situation d'injustice sociale a poussé les habitants à lancer un appel urgent aux autorités.
"Nous sommes aussi des Gabonais, comme tout autre. Nous sommes au 5ème arrondissement, en pleine ville. De tels enclavements ne devraient plus exister à ce niveau-là"
insiste une autre habitante. Elle fait également part de son inquiétude face à l’indifférence des autorités compétentes :
"C'est un cri d'alarme que nous lançons aux plus hautes autorités, en particulier à Brice Clotaire Oligui Nguema, Président de la transition. Nous sommes les parents pauvres du PK11. De l'autre côté, où il y a l’école Sino, des travaux ont été faits, mais nous, nous avons été oubliés. Nous sommes les oubliés de la République, et c'est pour cela que nous lançons ce cri d'alarme"
Alors même que la communauté internationale célébrait récemment la Journée mondiale de l’eau le 22 mars 2025, l’accès à cette ressource vitale reste un défi majeur pour trop de Gabonais. Il est plus que jamais essentiel que l’eau soit considérée comme un droit fondamental et que des solutions durables et efficaces soient mises en place. Les projets lancés par le gouvernement, tardent à parvenir aux habitants du Vietnam.