PRÉSIDENTIELLE EN CÔTE D'IVOIRE : ALASSANE OUATTARA BIENTÔT INVESTI PAR LE RHDP

Le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) a jeté un pavé dans la mare le mercredi 19 mars 2025 en annonçant que le président Alassane Ouattara serait
« bientôt investi » pour l’élection présidentielle d’octobre 2025. Un message clair, mais qui soulève encore bien des interrogations. Car, bien qu’une grande majorité de son entourage se fasse l’écho de cette déclaration, le chef de l’État ivoirien, âgé de 83 ans, reste étrangement silencieux sur une candidature qui semble pourtant se dessiner à l’horizon.
Si l’annonce du RHDP a de quoi rassurer ses partisans, la question du quatrième mandat d’Alassane Ouattara demeure en suspens. Le président, qui exerce ses fonctions depuis 2011, n’a pas encore levé officiellement l'incertitude. En janvier dernier, lors de ses vœux à la nation, il évoquait sa volonté de
« continuer à servir son pays »
tout en prenant soin de mentionner qu’il existait
« au moins une demi-douzaine »
de successeurs potentiels au sein de son parti. Un message ambigu qui semble laisser la porte ouverte à toutes les spéculations.
Le temps presse pourtant, et c’est au sein même de son camp que la pression monte. Au-delà des déclarations de soutien exprimées à son égard, notamment par plusieurs ministres et figures emblématiques du RHDP qui parcourent le pays pour vanter son bilan et appeler à sa candidature, l’atmosphère politique s’intensifie. Le congrès du parti, prévu pour le mois de mai, pourrait bien être le moment choisi pour officialiser l’investiture tant attendue. En attendant, l'incertitude persiste, et l'ivoirien moyen se trouve pris dans un jeu de pouvoir dont l'issue demeure floue.
Dans cette danse politique en attendant le grand verdict, l’opposition, quant à elle, semble avoir perdu de sa vigueur. La Commission électorale indépendante (CEI) a récemment rendu publique la liste électorale provisoire, excluant de manière significative plusieurs figures majeures de l’opposition. L'ancien président Laurent Gbagbo, son ancien ministre Charles Blé Goudé, et l'ex-Premier ministre Guillaume Soro se trouvent ainsi empêchés de se présenter, en raison de leurs condamnations pénales.
Les partis politiques de ces personnalités contestent fermement cette décision et annoncent leur intention de saisir les juridictions compétentes dans les prochains jours, avec l’espoir de voir cette exclusion levée avant la publication de la liste définitive prévue le 20 juin. Dans ce climat tendu, certains analystes estiment que le vide laissé par ces figures pourrait affaiblir considérablement l'opposition à Ouattara, et que, si le président sortant venait à se représenter, il n'aurait finalement que peu d'adversaires de taille face à lui.
Cela dit, le champ électoral reste loin d’être vide. Plusieurs candidats issus de l’opposition ont d’ores et déjà annoncé leurs intentions de briguer la présidence. Parmi eux, des figures comme Tidjane Thiam, candidat du PDCI, Pascal Affi N’Guessan, Simone Ehivet Gbagbo et Jean-Louis Billon, qui espèrent bousculer l'ordre établi. Cependant, l'issue de cette compétition pourrait dépendre, en grande partie, de l'évolution de la situation politique en Côte d'Ivoire dans les mois à venir.
À moins de huit mois du scrutin, la scène politique ivoirienne est donc en effervescence. L’investiture d’Alassane Ouattara semble de plus en plus probable, mais tant que l'incertitude persistera, chaque acteur de la scène politique devra naviguer dans une mer agitée, entre ambitions personnelles et stratégies collectives.