CENTRALES ÉLECTRIQUES FLOTTANTES: SUSPENSION DU CONTRAT ET SOUPÇONS DE CORRUPTION

Le projet controversé d'installation de deux navires-centrales électriques turques, les Karpowership, destinés à Libreville et ses environs, est suspendu par les autorités gabonaises. Selon le quotidien national "L'Union", la Société d’Energie et d’eau du Gabon (SEEG) a notifié la société Karpowership de la suspension le 22 novembre 2024, suite à des "nombreuses insuffisances" relevées dans la mise en œuvre du projet. Des paiements mensuels de l'ordre de 10 milliards de FCFA à Karpowership par la Société d'énergie et d'eau du Gabon (SEEG) sont évoquée. Une commission d'enquête a été mise en place pour analyser la viabilité du contrat.
Cette décision, prise après une réunion de haut niveau présidée par le conseiller spécial du président gabonais en charge de l'énergie, Arnaud Engandji, soulève des soupçons de corruption. L'annonce de l'enquête ne précise pas la nature exacte des faiblesses constatées, alimentant ainsi les spéculations.
Des informations non confirmées suggèrent que le contrat entre Karpowership et l'État gabonais serait entaché de rétrocommissions massives. Une source proche du dossier, évoque des paiements mensuels de l'ordre de 10 milliards de FCFA à Karpowership par la Société d'énergie et d'eau du Gabon (SEEG), revendeuse d'électricité. Cette somme permettrait à l'entreprise turque de produire l'électricité. Ce montant, selon la source, soulève de sérieuses interrogations quant à la rentabilité du projet.
L'arrivée de Karpowership devait, potentiellement, bouter hors du marché la société Aggreko, déjà présente au Gabon depuis 2003 et fournissant plus de la moitié de l'électricité de Libreville. La tension entre les deux acteurs s'est exacerbée en août 2024, lorsque Aggreko a provoqué un black-out dans plusieurs quartiers de la capitale gabonaise pour réclamer des paiements impayés. L'État gabonais, embarrassé, a dû s'endetter pour régler le litige.
La suspension du projet Karpowership pourrait-elle cacher une lutte d'influence entre les lobbies financiers ? Des critiques, à l'époque du black-out, dénonçaient l'arrogance d'Aggreko et mettaient en garde contre les risques financiers et les conséquences potentielles sur les consommateurs d'un projet aussi ambitieux que Karpowership. Un ancien cadre de la SEEG, avait appelé à la construction de centrales électriques nationales pour éviter la dépendance aux entreprises privées.
L'enquête en cours permettra de lever le voile sur les véritables enjeux de ce projet. La transparence et la rigueur sont cruciales pour éviter que le projet, initialement présenté comme une solution d'urgence, ne se transforme en un nouveau scandale financier.