NIGÉRIA / ÉLECTIONS LOCALES : L’APC PREND DE L’AVANCE SUR L’OPPOSITION

Un électeur de Lagos se demande comment est-ce que le scrutin a pu changer aussi vite
« Est-ce qu’ils ont fait de la magie ? »
en comparant les résultats du scrutin présidentiel du 25 février et ceux des élections locales qui se sont tenues le 18 mars.
Et pourtant il y a deux semaines de cela le parti de Peter Obi, candidat du Parti travailliste (LP), était arrivé en tête dans la métropole de plus de 20 millions d’habitants, porté, par l’aspiration au changement d’une bonne partie de la jeunesse urbaine. Son avance de 10 000 voix dans le fief du président élu – le puissant Bola Tinubu - issu du Congrès des progressistes (APC, formation au pouvoir) avait fait donner l'illusion que le poste de gouverneur pourrait changer de mains.
Mais le parti au pouvoir l’APC n’a pas laissé de deuxième chance à l’opposition (LP). Le gouverneur sortant, Babajide Sanwo Olu, a remporté l’élection haut la main à Lagos avec plus de 400 000 voix d’avance sur Gbadebo Rhodes-Vivour, le candidat du LP.
« Ce à quoi nous avons assisté était du vol, du hooliganisme. Un gouvernement de voleurs, fait par des voleurs, pour des voleurs »
Des intimidations sur des électeurs
Durant cette journée d’élection locale, au moins vingt et une personnes ont été tuées sur l’ensemble du territoire, selon la mission d’observation de l’Union européenne.des intimidations ne font que se multiplier auprès des lecteurs, les agents électoraux, les observateurs et les journalistes.
Dans un contexte déjà chargé, plusieurs lieutenants du président nouvellement élu n’ont pas hésité à déclarer publiquement que :
« Lagos appartient aux Yoruba ».
Ce discours a dégouté une responsable culturelle née à Lagos Onyinye, de 25 ans, elle-même igbo a estimé d'emblée que se ne sont pas des propos qu'un homme politique devrait aborder en public.
« Il y a de la pauvreté dans notre pays, un manque d’éducation, déplore-t-elle. Si tu mets ce genre d’idées dans la rue, les gens y adhèrent sans réfléchir. »
Ces menaces répétées ont effrayé certains électeurs potentiels dans un pays déjà rongé par l’apathie électorale. Onyinye, elle, s’est acharnée à faire entendre sa voix, malgré une mauvaise expérience lors de la présidentielle du 25 février. Ce jour-là, se souvient-elle, les agents électoraux ont arrêté le vote à la personne qui faisait la queue juste devant moi. Ils nous ont dit qu’ils devaient partir pour envoyer les résultats à leurs chefs ou à cause de l’insécurité…