REVENUS SUR LES MANGROVES
Quelques semaines seulement après l’opération de déguerpissement musclée orchestrée par les autorités à Lip Matanda, dans le 4e arrondissement de Port-Gentil, les populations évacuées sont revenues de plus belle. Foulant aux pieds les décisions de l’État, elles ont reconstruit, sans se préoccuper des dommages causés à l’environnement, de nouvelles habitations de fortune dans cette zone littorale pourtant déclarée inconstructible.
Le général Pierre Rizogo Rousselot, délégué spécial à la mairie, n’a pas tardé à réagir. Lors d’un déplacement sur le terrain, il a découvert avec stupéfaction que les zones préalablement dégagées ont été réinvesties dans la plus grande illégalité. Des taudis en tôle, disséminés au cœur de la mangrove, montrent clairement que ces occupants n’ont pas froid aux yeux. Ils reviennent sur leurs pas, bravent l’interdiction et se cramponnent à un espace écologiquement sensible, pourtant classé comme zone inondable.
Pire encore, une décharge sauvage trône désormais sur les lieux, transformant la mangrove en véritable scandale à ciel ouvert. Les activités de transformation de poissons s’y poursuivent, n’en déplaise aux autorités.
« C’est une provocation, un défi évident lancé à l’État »
s’indigne le général Pierre Rizogo Rousselot, manifestement pris au dépourvu par cette nouvelle occupation.
« Ce que nous avons vu ici frôle la catastrophe »
ajoute-t-il, en soulignant les risques sanitaires, notamment la recrudescence de la fièvre typhoïde.
Face à cet incivisme notoire, la mairie entend ne plus faire dans la dentelle.
« La prochaine fois, nous tuerons cela dans l’œuf. Pas de sensibilisation. Nous agirons. Et si besoin, nous arrêterons les meneurs »
a averti le délégué spécial, qui n’y est pas allé avec le dos de la cuillère.
Dans ce bras de fer entre autorités et riverains, force est de constater que l’État a, pour l’instant, perdu son autorité. Les habitants, eux, déjouent les contrôles, font semblant de déguerpir pour mieux revenir.